Endométriose : l'approche par la kinésithérapie

Endométriose: l’approche par la kinésithérapie

L’endométriose est une maladie gynécologique courante qui touche de nombreuses femmes, et parfois, dès l’adolescence. Dans de rares cas, cette affection reste sans symptômes apparents, mais en général, elle est responsable d’une douleur plus ou moins intense pendant la menstruation, d’une irrégularité des règles et d’une difficulté à procréer. Il existe divers moyens pour soulager les douleurs de l’endométriose: les antalgiques, les contraceptifs et même la chirurgie. La kinésithérapie offre également une approche moins invasive pour traiter cette affection gynécologique. Nous faisons le point dans cet article.

Rappel sur l’endomètre

L’endomètre désigne la paroi interne de l’utérus. Il s’épaissit tout au long du cycle pour se préparer à la nidation. À chaque fin de cycle menstruel et en absence de grossesse, cette muqueuse se rompt. C’est ce qui est à l’origine des menstruations. Elles sont généralement composées de sang et de couches superficielles de l’endomètre. Ce phénomène est sous le contrôle des hormones ovariennes.

L’endométriose: qu’est-ce que c’est ?

L’endométriose est une maladie chronique de l’endomètre. Elle est caractérisée par la migration des cellules endométriales en dehors de l’utérus. Cela se produit parfois à la suite d’un phénomène appelé menstruation rétrograde. Il s’agit du reflux des règles dans les trompes. Les cellules de l’endomètre vont se fixer sur d’autres organes à l’instar des ovaires, des trompes de Fallope, de la vessie, des intestins… Chaque mois, les tissus ectopiques de l’endomètre sont également stimulés par les hormones ovariennes. Ils augmentent de volume et régressent à la fin du cycle. Par contre, les substances dégradées ne seront pas évacuées comme les règles normales. Elles s’accumulent dans la cavité abdominale. C’est l’origine de l’inflammation et des douleurs au cours d’une endométriose.

Selon la zone d’implantation des cellules endométriales, il existe 3 types d’endométriose:

  • l’endométriose péritonéale: à la surface du péritoine ;
  • l’endométriose ovarienne: à l’intérieur ou aux alentours des ovaires ;
  • l’endométriose pelvienne profonde ou sous-péritonéale.

Quelles sont les causes de cette maladie gynécologique ?

L’endométriose se développe chez les femmes en âge de procréer. La prévalence de la maladie est estimée à 10% en moyenne.
Malgré de nombreuses études réalisées sur le sujet, l’origine de cette maladie est encore mal identifiée. Certains scientifiques évoquent le mécanisme de saignement rétrograde pendant les menstruations: le sang remonte dans les trompes de Fallope et dans la cavité abdominale. Cependant, il semblerait que le taux d’endométriose lié directement à ce phénomène est très faible, environ 10% des cas seulement. Les autres cas sont souvent associés à des facteurs génétiques ou environnementauxcomme l’exposition aux perturbateurs endocriniens (pesticides organochlorés, bisphénols A, phtalates et dioxines…).

Les symptômes de l’endométriose et ses conséquences sur la vie quotidienne

On reconnait l’endométriose par une douleur dans le bas du dos, le bassin, la partie inférieure de l’abdomen, dans le vagin ou le rectum. Les douleurs surviennent généralement lors des rapports sexuels ou lors de la selle. Une femme atteinte de l’endométriose souffre également de règles douloureuses. Ces dernières sont irrégulières, voire anormales. La patiente peut aussi ressentir des crampes abdominales, des ballonnements ou des nausées. La stérilité est également un signe de l’endométriose.
Le sang issu de la dégradation de l’endomètre ectopique s’accumule dans la cavité abdominale et engendre une inflammation. Cette dernière peut évoluer vers la formation d’une lésion, de kystes ovariens et de nodules fibreux.


Dans tous les cas, la douleur causée par l’endométriose peut devenir une gêne dans la vie personnelle et professionnelle de la femme. En effet, elle aura plus de mal à réaliser ses tâches quotidiennes que ce soit au sein de son foyer ou au travail. Parfois, les saignements entre les règles sont fréquents et peuvent être responsables de crises de migraines et de céphalée.
L’endométriose perturbe aussi la vie conjugale. La maladie est en effet responsable d’une douleur lors des rapports sexuels ce qui rend la femme plus réticente à passer à l’acte. Aussi, à un stade avancé, l’endométriose réduit les chances du couple à avoir un bébé.

Comment traiter l’endométriose ?

Depuis longtemps, le traitement de première intention de l’endométriose est les hormones. Il s’agit surtout d’un traitement symptomatique. Il tente de réduire les douleurs et non de soigner la maladie. Voici les médicaments hormonaux souvent utilisés dans le cadre d’une endométriose:

  • Les progestatifs: ils bloquent l’ovulation et empêchent la libération des œstrogènes et des progestérones. Ils empêchent les règles.
  • Les contraceptifs oestroprogestatifs monophasiques en continu: ils provoquent une atrophie de l’endomètre et par conséquent évitent le déclenchement de règles abondantes et douloureuses.
  • Les analogues de la GnRH: ilsinhibent la production d’œstrogènes. Elles ont pour effet de créer une ménopause artificielle.
  • Le danazol: il inhibe la sécrétion des hormones ovariennes et induit une ménopause artificielle.
  • La pose du DIU Mirena: c’est un stérilet enveloppé de progestatif. Il réduit la quantité des règles et les douleurs qui les accompagnent.

À un stade avancé de la maladie, une chirurgie de l’endométriose peut être envisagée. C’est notamment le cas lorsque la patiente ne supporte plus les douleurs chroniques ou lorsqu’elle veut avoir un bébé. L’intervention consiste à détruire les lésions endométriosiques à l’aide d’un laser ou d’une brulure électrique.

La kinésithérapie pour soulager l’endométriose: est-ce efficace ?

Outre les divers traitements hormonaux, les femmes atteintes d’endométriose peuvent également se tourner vers la kinésithérapie pour calmer leurs douleurs.

Cette thérapie propose deux soins spécifiques pour traiter cette maladie gynécologique: la méthode des chaînes musculaires GDS et la méthode Mézières.

La méthode des chaînes musculaires GDS

Les chaînes musculaires GDS indiquent les 6 familles de muscles qui assurent la mobilité, l’équilibre et la posture du corps. Une pathologie quelconque est responsable de l’irritation, de la compression ou de l’hypercontractilité d’une partie de ces muscles. La kinésithérapeute emploie la méthode des chaînes musculaires GDS pour restaurer ce dysfonctionnement.


Dans le cadre de l’endométriose, le pratiquant se concentre notamment sur les zones aux alentours du bassin. Il apaise les tensions musculaires au niveau du périnée, de la hanche, du bas du ventre et des parties lombaires.

La méthode Mézières: courant pour soulager l’endométriose

Cette méthode consiste notamment à une rééducation posturale. Elle fait intervenir divers exercices d’étirements afin de mieux rétracter les muscles et atténuer les douleurs au cours d’une endométriose. Le kinésithérapeute apprend également à ces patients des exercices de respiration pour libérer le diaphragme.


Le massage et le drainage lymphatique sont également une pratique courante dans la kinésithérapie pour traiter l’endométriose. Ces techniques permettent la relaxation du périnée et des muscles affectés par l’endométriose. Elles favorisent également le système immunitaire et aident à évacuer le stress.
Afin de mieux surmonter l’endométriose au quotidien, le kinésithérapeute propose des exercices à faire au quotidien et pendant les crises douloureuses. Il donnera également un programme alimentaire sain adapté à la situation.


La plupart du temps, les symptômes de l’endométriose disparaissent spontanément lors de la grossesse ou la ménopause. En dehors de ces périodes, la patiente peut recourir aux traitements hormonaux ou à la kinésithérapie pour supporter les désagréments liés à la maladie.

Ce qu’il faut retenir

L’endométriose est une maladie gynécologique assez fréquente chez la femme en âge de procréer. Elle est due à une croissance anormale de cellules endométriales en dehors de l’utérus. Elle est généralement traitée par les hormones. Il est aussi possible de prendre en charge l’endométriose avec la kinésithérapie grâce à la méthode des chaînes musculaires GDS et la méthode Mézières.